Chaque année, de nombreux candidats envisagent sérieusement de préparer l’examen d’entrée à l’Institut National de Formation des Commissaires de Justice. Ils se renseignent, consultent le site de la Chambre Nationale, rejoignent les groupes Facebook, consultent des témoignages… mais sans jamais réellement se lancer.
Ce phénomène est courant : l’envie est là, mais la décision tarde.
Et ce flottement peut durer des semaines, parfois des mois. On se demande si c’est le bon moment. Si on a le niveau. Si on va tenir le rythme. Si ce ne serait pas mieux de trouver un poste dans une Etude avant de commencer à préparer l’examen, d’attendre encore un peu.
Hésiter n’a rien d’anormal. C’est même une étape logique dans tout projet ambitieux.
Mais rester bloqué dans cette phase d’indécision finit par devenir un frein.
Si vous vous posez la question “Est-ce que je me lance cette année ?”, cet article est pour vous.
Je vous propose ici 5 questions clés à vous poser pour faire le point, sortir du flou, et prendre une décision lucide et assumée. Pas pour vous forcer, mais pour vous aider à y voir plus clair.
Cet article participe à l’événement interblogueurs « Vos secrets pour passer à l’action ». Cette initiative est proposée par le blog Mon Bagage Culturel, qui propose des contenus pour développer sa culture générale. Je vous conseille d’ailleurs grandement de consulter ce blog pour vous aider dans la préparation de l’épreuve de culture générale, et notamment cet excellent article qui vous donne les clés pour développer votre culture générale.
1. Pourquoi voulez-vous devenir Commissaire de justice ?
C’est la première question à se poser avant de se lancer dans la préparation d’un examen aussi exigeant. Et pourtant, c’est souvent celle que l’on néglige.
Beaucoup de candidats décident de préparer l’examen parce qu’ils ont fait du droit, parce qu’ils ont entendu parler du métier, ou encore parce qu’il s’agit d’une voie possible parmi d’autres. Mais lorsque les difficultés apparaissent – la charge de travail, la fatigue, les doutes – ce type de motivation floue ne suffit plus. C’est alors que la démotivation s’installe, souvent suivie d’un abandon.
C’est pourquoi il est essentiel de clarifier ses motivations profondes. Qu’est-ce qui vous attire dans cette profession ? Est-ce le rôle d’officier public ? Le fait d’exercer un métier juridique de terrain ? La diversité des missions ? L’indépendance ? Le goût du contact ? Ou bien le désir de contribuer au bon fonctionnement de la justice dans des situations concrètes ?
Votre réponse vous appartient, mais elle doit être solide. Car tout au long de votre préparation, vous aurez besoin d’un cap. Et ce cap ne peut pas être uniquement la réussite à l’examen : il doit être ce que cette réussite vous permet d’atteindre.
Prendre le temps d’identifier cette raison personnelle et profonde est une étape clé. Elle vous aidera à tenir dans la durée, à surmonter les périodes de doute, à faire les bons choix dans votre organisation et à rester connecté à votre objectif, même lorsque la motivation du départ commencera à faiblir.
Commencer par cette question, c’est poser les fondations. Un projet sans fondations solides est un projet qui s’effondre à la première difficulté. À l’inverse, un projet bien ancré dans un désir clair et réfléchi a toutes les chances d’aboutir, même s’il rencontre des obstacles en chemin.
2. Avez-vous le temps (réellement) de vous y consacrer cette année ?
Préparer l’examen d’entrée à l’INCJ demande du temps. C’est une réalité que l’on sous-estime souvent. On pense pouvoir réviser “quand on aura un moment”, le soir après le travail ou entre deux obligations personnelles. Très vite, les semaines passent, et l’on se rend compte que le programme n’avance pas, ou que l’on n’a pas la régularité nécessaire pour progresser.
Avant de vous lancer, il est donc essentiel de faire un état des lieux objectif de votre disponibilité réelle. Avez-vous la possibilité de dégager, chaque semaine, plusieurs heures dédiées exclusivement à vos révisions ? Pouvez-vous libérer certains soirs, vos week-ends, ou prendre des congés à certaines périodes ? Votre entourage est-il prêt à s’adapter à cette nouvelle organisation ?
Il ne s’agit pas de viser la perfection. Il est tout à fait possible de réussir l’examen tout en travaillant à temps plein ou en ayant une vie de famille. Mais cela exige une planification rigoureuse et une capacité à faire des choix. Si vous n’avez que deux heures par semaine à consacrer à la préparation, vous ne partez pas avec les mêmes chances que si vous pouvez y consacrer deux heures par jour. L’enjeu est de savoir si vous pouvez réellement vous engager dans la durée, avec une charge de travail cohérente par rapport aux exigences du concours.
Cette réflexion n’a pas pour but de décourager, mais d’éviter de commencer une préparation sur des bases trop fragiles. En étant lucide sur votre emploi du temps, vous pourrez ajuster vos objectifs, choisir les bons outils, et surtout éviter la frustration de ne pas avancer comme vous le souhaitez.
Prendre la décision de préparer l’examen, c’est aussi accepter de revoir ses priorités pendant plusieurs mois. Cela implique parfois de mettre certaines activités entre parenthèses, de renoncer à certaines sorties ou à un confort habituel. Mais ce n’est qu’en faisant de la place dans votre quotidien que vous pourrez construire une véritable dynamique de travail.
3. Êtes-vous prêt(e) à faire des sacrifices sur plusieurs mois ?
Préparer l’examen ne consiste pas seulement à étudier quelques heures par semaine. C’est un projet exigeant qui demande de l’endurance, de la discipline, et surtout, une capacité à accepter certains sacrifices. C’est une réalité que l’on oublie souvent lorsque l’on est encore dans la phase d’hésitation.
La réussite à cet examen repose autant sur vos compétences que sur votre engagement à long terme. Cela signifie que, pendant plusieurs mois, vous devrez faire passer votre préparation avant d’autres aspects de votre vie : vos loisirs, certaines relations sociales, ou encore certaines habitudes de confort.
Vous devrez parfois refuser une invitation, raccourcir un week-end, ou dire non à des activités que vous appréciez. Vous devrez peut-être réorganiser votre quotidien, revoir votre emploi du temps, voire modifier votre mode de vie. Et cela, non pas sur une ou deux semaines, mais sur la durée.
Il ne s’agit pas de tout sacrifier. Il est essentiel de préserver des temps de repos, de détente et de vie sociale pour tenir dans la durée. Mais il faut accepter que la préparation à cet examen implique une forme de priorisation radicale. On ne peut pas tout faire. Il faut choisir, et assumer ces choix.
Poser cette question dès le départ permet de vous positionner clairement : êtes-vous prêt(e) à entrer dans cette logique d’investissement personnel ? Si la réponse est oui, alors vous disposerez d’un atout majeur. Si la réponse est non, ce n’est pas un échec : cela signifie simplement que le bon moment n’est peut-être pas encore venu, ou qu’il faut repenser votre organisation pour rendre ce projet possible.
Un examen comme celui-ci ne se réussit pas “quand on a le temps” : il se réussit quand on crée les conditions nécessaires pour le préparer sérieusement. Et cela commence par une décision ferme, soutenue par une volonté de s’engager pleinement dans le processus.
4. Quel plan avez-vous pour vous organiser ?
Une décision, aussi ferme soit-elle, ne suffit pas à garantir la réussite. Ce qui fait la différence entre ceux qui s’engagent réellement dans leur préparation et ceux qui s’essoufflent en cours de route, c’est l’organisation. Dès lors que vous envisagez de préparer l’examen, il est essentiel de réfléchir à un plan d’action concret.
Préparer un concours ne consiste pas simplement à “étudier quand on peut”. C’est un processus rigoureux, qui demande une méthode de travail structurée et une bonne gestion du temps. Il est donc crucial de se poser les bonnes questions :
- Comment allez-vous organiser vos semaines ?
- Quelles plages horaires allez-vous consacrer aux révisions ?
- Avez-vous un rétroplanning, une vision claire des étapes à franchir jusqu’à l’examen ?
- Quels supports allez-vous utiliser : manuels, sujets des années précédentes, fiches ?
- Allez-vous travailler seul ou bénéficier d’un accompagnement (prépa, coaching) ?
Sans plan précis, la motivation initiale s’érode rapidement face à l’ampleur de la tâche. Le risque est de s’éparpiller, de sauter d’une matière à l’autre sans progression cohérente, ou de réviser en mode “panique” à l’approche de l’examen. À l’inverse, une organisation claire permet d’avancer régulièrement, de mesurer ses progrès, et de garder une forme de sérénité, même dans les périodes de doute.
Il ne s’agit pas de construire un planning parfait dès le départ, mais d’avoir une vision d’ensemble : un cap, des objectifs intermédiaires, et des outils adaptés. Un bon plan doit être à la fois ambitieux et réaliste. Il doit s’adapter à vos contraintes personnelles, mais aussi vous imposer un cadre suffisamment exigeant pour vous faire progresser.
Avant de vous lancer, demandez-vous donc si vous savez comment vous allez vous y prendre. Si la réponse est floue, prenez le temps de clarifier votre méthode. C’est un investissement indispensable pour éviter de perdre du temps, de l’énergie, et de la confiance en cours de route.
5. Que risquez-vous à attendre encore un an ?
Lorsqu’on hésite à se lancer dans une préparation exigeante, il est tentant de se dire que ce n’est “pas encore le bon moment”. On se dit que l’on commencera quand on aura plus de temps, moins de stress, ou un contexte plus favorable. Cette idée peut sembler raisonnable, mais elle est souvent trompeuse.
Il faut se poser la question en sens inverse : qu’est-ce que je perds à attendre ?
Différer sa décision, c’est repousser son projet professionnel, retarder l’atteinte de ses objectifs, et souvent, entretenir un sentiment de frustration ou d’insatisfaction. L’année suivante ne sera pas nécessairement plus simple. Le travail, la vie personnelle, les imprévus… il y aura toujours des contraintes. Attendre des conditions idéales, c’est parfois une manière déguisée d’éviter l’engagement.
Ce n’est pas un appel à foncer tête baissée. Attendre peut être judicieux dans certains cas : si l’on traverse une période de fatigue intense, de transition personnelle, ou que l’on n’a pas du tout les moyens matériels ou psychologiques de se lancer. Mais dans bien d’autres cas, l’attente est un choix par défaut, dicté par la peur de ne pas être à la hauteur.
Or, la réalité, c’est que l’on ne se sent jamais totalement prêt. La préparation est justement ce qui vous construit, vous renforce, et vous prépare au métier. C’est en avançant que l’on gagne en clarté, en confiance et en maîtrise.
Alors, posez-vous cette dernière question :
Et si je décidais de commencer, non pas parce que tout est parfait, mais parce que j’en ai assez d’attendre ?
Cette réflexion peut, à elle seule, faire basculer votre décision.
Conclusion
Hésiter à se lancer dans la préparation d’un concours aussi exigeant que celui de commissaire de justice est naturel. C’est un projet qui engage du temps, de l’énergie et une part importante de soi. Mais à un moment, il faut sortir de l’indécision pour avancer.
Les cinq questions que vous venez de lire ne visent pas à vous donner une réponse toute faite. Elles sont là pour vous aider à faire un choix réfléchi, solide, aligné avec vos priorités et vos capacités du moment. Car prendre une décision, ce n’est pas simplement dire “oui” à une idée. C’est dire “oui” à un processus, avec ses contraintes, ses efforts, mais aussi tout ce qu’il peut vous apporter.
Si, après cette réflexion, vous sentez que c’est le bon moment, même imparfait, alors commencez. Ne cherchez pas à tout maîtriser avant de vous lancer : la clarté vient souvent en marchant, pas en attendant.
Et si vous sentez que ce n’est pas encore le moment, c’est aussi une réponse valable – à condition qu’elle soit choisie, et non subie.
Quoi que vous décidiez, faites-le en conscience. Et souvenez-vous : le passage à l’action ne commence pas avec un planning parfait, mais avec une décision claire.